La plongée s’est déroulée sur le côté de la faille de détachement que l’on a exploré pendant ces derniers jours. Le fond de l’une des vallées en graben qui recoupe le détachement réfléchit particulièrement bien les faisceaux du sondeur du bateau, ce qui est généralement signe de volcanisme récent.
Ce dimanche, l’exploration a donc commencé à la profondeur de 4100m. Nous avons touché le fond dans une zone très sédimentée, pas beaucoup de chose à voir à première vue, mis à part de la boue des grands fonds et des traces de bioturbation. Une centaine de mètre plus loin, on a découvert une première coulée volcanique. Comme c’est souvent le cas pour les éruptions sous-marine, la lave prends une forme tubulaire, appelé « lave en coussin ». Au cours de ma carrière, j’ai eu l’occasion de passer des centaines d’heures à observer ces structures via les cameras d’engins sous-marin inhabités (ROV), mais voir ces laves au travers du hublot du Nautile pour la première fois… cela m’a fait l’effet de mettre des lunettes de vue pour la première fois : on découvre la vie en haute résolution. Extraordinaire.
Ce premier évènement volcanique est sans doute relativement récent car les laves ne sont que très peu couvertes de sédiments (sans doute 10 000 ans ou moins). Après avoir pris un échantillon, nous avons continué à explorer autour et finalement trouvé des fractures ouvertes au travers du terrain sédimenté. Ces entailles dans le paysage découvrent une partie du sédiment et laisse apparaitre une deuxième coulée de lave en coussin, plus ancienne (>50ka).
Après ces observations dans la partie la plus profonde de notre profil, nous avons commencé à monter une pente composée de davantage de matériel volcanique. Notre premier affleurement lors cette section fut une coulée de débris de fragment de lave, puis des laves en coussins très étirés, typique d’éruption sur une forte pente. Ces structures sont intéressantes car ils peuvent nous indiquer la direction de l’éruption, ainsi que l’orientation du sol lors de la mise en place des laves.
Dans la partie finale de notre plongée, nous avons vu des failles normales. Si elles doivent être considérées comme des failles de taille très modestes en comparaison à ce que l’on peut observer ailleurs dans la région, l’escarpement de 25 m est vraiment impressionnant depuis le Nautile. Lorsque l’on passe la crête, on a l’impression de sauter dans le vide depuis une falaise sous-marine. Avant de remonter à la surface, nous avons fait quelques arrêts supplémentaires pour échantillonner de petits cônes volcaniques (50-80m) qui dominent le paysage du sommet de notre profil.
Par C. Hamelin