La 24e plongée du Nautile a eu lieu le 16 août. Elle fut consacrée à l’exploration d’un massif allongé selon une direction E-W, immédiatement au sud de la zone de fracture de la Romanche, non loin de son intersection avec l’axe de la dorsale. L’objectif de la plongée était de comprendre l’origine et la nature de ce relief.
Nous sommes arrivés sur le fond (-3860 m) à 10H43 UT non loin du point prévu sur le flanc sud du massif. Nous avons mis le cap vers le Nord et avons progressé sur une pente de piedmont totalement sédimentée. Quelques blocs épars reposaient sur les sédiments et incluaient des dalles plates dont la morphologie est caractéristique des péridotites mylonitiques, des pavés arrondis qui se sont avérées être des laves et des blocs plus irréguliers se désagrégeant partiellement en poudre orange de la couleur caractéristique des hydroxydes de Fe. Certains de ces blocs présentaient une pellicule de surface de couleur bleu vif évoquant des sulfates ou carbonates de cuivre. L’examen des échantillons en surface a confirmé qu’il s’agissait bien de fragments d’amas de sulfures oxydés.
Progressant vers le nord, nous sommes arrivés au pied d’une pente plus raide (30° à 40°) que nous avons pu interpréter comme un plan de faille mis à nu par un effondrement dont les débris forment une loupe de glissement identifiable dans la bathymétrie en pied de falaise. Là où la couverture sédimentaire était quasi absente, des plaques de serpentine blanchâtre, striées selon la ligne de plus grande pente matérialisaient le miroir de faille. Les roches du socle sous le plan de faille avaient une couleur pastel caractéristique de la « ré-altération » à basse température des péridotites serpentinisées.
A une profondeur de 3440 m, nous avons atteint une crête surplombant un creux relatif (non résolu par la carte bathymétrique). Nous avons pu observer à cet endroit un affleurement où des serpentinites schistosées selon un plan parallèle à la pente étaient intercalées avec des niveaux de sulfures hydroxydés. En ce site, les pellicules de sulfates de Cu recouvrant les blocs de minerais étaient particulièrement abondantes et nous avons cru observer de très ténues émanations d’eau moirée, cette observation restant à confirmer.
Cette crête marqua la fin des occurrences de sulfures. Après la traversée d’un étroit plateau sédimenté, nous avons atteint un amoncellement de coquilles de moules sur une pente située à une profondeur de 3402 m, preuve supplémentaire d’une activité hydrothermale relativement récente la long de ce plan de faille.
Durant le reste de la coupe, nous avons pu observer des affleurements de péridotites localement bien foliées alternant avec des cônes d’éboulis recouverts de sédiments. L’orientation dominante de la foliation était E-W avec un pendage d’environ 70° vers le nord. La plongée s’est terminée au sommet de la falaise à une profondeur de 2984 m. Nous avons quitté le fond à 15H45.
Par G. Ceuleneer