Confirmation du caractère amagmatique de ce secteur de la Romanche et détermination de l’orientation des structures de déformation.
La huitième plongée du Nautile a eu lieu le 28 juillet. Elle fut consacrée à l’étude de la partie interne (versant ENE) d’un massif allongé selon une direction NNW-SSE situé immédiatement au sud de la faille transformante de la Romanche et à l’ouest de la dorsale. La morphologie arrondie du versant WSW de ce massif, exploré durant la plongée 7, évoque une faille de détachement caractéristique des core complexes (Photo 2). L’objectif de la plongée 8 était de déterminer la nature, péridotitique ou gabbroïque, des roches constituant le cœur de ce massif et, dans la mesure du possible, de relever l’orientation des structures de déformation (Photo 3).
Nous sommes arrivés sur le fond (-4600 m) à 10H48 UT sur une pente de piedmont assez douce. La première partie de la plongée fut dédiée au lever d’une coupe selon un axe WNW-ESE jusqu’au plateau sommital de ce massif culminant à -3900 m. Le fond était, en début de profil, totalement sédimenté, mais très vite nous avons aperçu des roches plates posés sur les sédiments et provenant d’un éboulement assez récent. Lorsque non totalement enveloppées dans une écorce d’hydroxydes de manganèse, la nature péridotitique de ces roches et leur structure très déformée, mylonitique, ne faisait aucun doute (Photo 4). La première rupture de pente nous offrit de beaux affleurements en place (Photo 5) où il fut aisé de déterminer l’orientation de la foliation mylonitique : N150°E en azimut avec un fort pendage, de l’ordre de 70°, vers le SW, soit légèrement plus incliné que la surface principale de faille du core complex. Nous avons pu répéter cette mesure en plusieurs sites.
Nous avons donc confirmé que les structures rectilignes NNE-SSW visibles dans la bathymétrie haute résolution correspondaient à d’épaisses zones de cisaillement mylonitiques. Les mylonites étant moins affectées par la serpentinisation, elles ont mieux résisté à l’érosion que les roches avoisinantes ce qui leur permet d’avoir une expression dans la morphologie du massif (Photo 3).
La deuxième partie de la plongée fut consacrée à l’exploration de la partie supérieure de l’autre versant du massif, entre autre au niveau d’une crête sommital coiffant le plateau. La couverture sédimentaire s’y est malheureusement révélée plus importante que sur le versant oriental. Bien que nous n’ayons identifié aucun affleurement en place dans ce secteur, nous avons pu prélever quelques éboulis qui nous ont permis de confirmer que ce massif était constitué essentiellement voire entièrement, de péridotites très déformées.
Au cours de cette plongée le Nautile a franchi l’équateur (du nord vers le sud), ce qui constitue un événement assez rare et un grand moment d’émotion pour les plongeurs ! Nous avons quitté le fond à 16H00 UT, à une profondeur de 3990 m, après avoir parcouru une distance de 3,7 km en 5H et 15 minutes.
Par G. Ceuleneer