Le 21 juillet nous sommes au point de la première plongée de la campagne. Le Nautile, sorti de carénage en début d’année, doit être qualifié pour des grandes profondeurs. Nous avons donc choisi la première plongée sur une cible permettant de démarrer la plongée à 6000 m de fond. Ensuite, le profil choisi permettait de remonter une pente sur un des hauts topographiques identifiés. Les jours précédents, entre les déploiements des OBS, nous avons effectué quelques profils à 5 nœuds afin d’obtenir une meilleure bathymétrie des cibles de plongée. Sur ces nouvelles cartes, avec une résolution entre 75 et 50 mètres, les points de départ et les caps des profils sont positionnés. Ensuite, en fonction des courants estimés, le point de mise à l’eau est calculé par l’équipe en charge du sous-marin, et le navire se positionne pour la mise à l’eau.
La mise à l’eau du sous-marin est une opération de précision, qui demande de l’expérience. L’équipage du « Pourquoi Pas ? » est rompue à cette manœuvre et tout s’est très bien déroulé pour cette première plongée. Plongée historique pour l’équipe du sous-marin composée de Xavier Placaud, pilote, Pierre-Yves Fournier, co-pilote et Marcia Maia, passagère scientifique, chef de mission de la campagne.
L’équipe était prête à 7 heures, heure du bord, et dans le sous marin vers 7 h 30. Ensuite, le chariot a été déplacé sous le portique du navire et a quitté le pont à 7h45, approximativement. Mise à l’eau et début de plongée quelques minutes plus tard, après vérifications extérieures par les plongeurs de l’équipe Nautile. Ensuite, une longue attente jusqu’au fond.
Pour cette première plongée, nous avons mis environ deux heures et demie pour atteindre 6011 m d’immersion. Ensuite, nous avons fait route vers un endroit où le fond serait à 6000 m de profondeur pour poser le submersible et effectuer tous les tests nécessaires à la qualification du Nautile. Ceci a pris environ une heure, tout était OK et nous avons pu entamer notre profil.
Nous avons parcouru un trajet de environ 2 km dans une vallée dont le font était très sédimenté et composé d’éboulis, avec parfois de gros blocs décrochés de la partie la plus haute du relief. Le fond de la vallée montait progressivement avec quelques marches d’environ 10 à 20 m de hauteur, où des blocs plus gros étaient visibles. Nous avons profité pour échantillonner des blocs, parfois sans réussir à casser les plus gros. Néanmoins, nous avons réussi à récupérer plusieurs échantillons de roches du manteau, ce qui confirme l’hypothèse que les reliefs sont des fragments de grandes surfaces de détachement, exhumant le manteau. Et que ce détachement est ancien, faillé et inactive.
Après environ quatre heures de profil, nous avons largué et quitté le fond à environ 17 h 30. A 19 h 55 nous étions de retour sur le pont du « Pourquoi Pas ? », un retour dignement fêté pour une plongée très réussie pour le Nautile et pour la science.